Lors des dernières décennies on a assisté à un effondrement sans précédent de la biodiversité. On nous prédit aujourd’hui une sixième extinction de masse concernant toutes les espèces vivantes. Je crains que certaines de mes observations d’adolescent fassent malheureusement déjà partie d’un monde partiellement disparu. Pourtant tout n’est pas perdu, la nature a des capacités de résilience insoupçonnées. Il existe encore quelques lieux de nature bien préservés. Si on décidait rapidement de les répertorier, de les protéger et de les développer on pourrait constituer des petites « réserves » de biodiversité qui pourraient s’étendre ensuite à condition qu’il y ait une réelle prise de conscience de la gravité de la situation et que l’ensemble des activités humaines évoluent vite pour véritablement inverser la tendance. Compte tenu de l’urgence, toute action allant dans ce sens, même sur de petits espaces, a son importance. C’est là que l’idée de redonner une place de plus en plus grande au vivant dans notre propre jardin prend tout son sens.
Je me suis longtemps demandé comment je pouvais au mieux mettre mes connaissances de la nature au service de l’environnement sans être celui qui explique aux autres ce qu’ils doivent faire. Je crois en la valeur de l’exemple et je me suis dit, je pourrais partir de zéro en réalisant tout simplement chez moi ma part de ce grand défi commun, « la part du colibri ». J’ai la chance, comme des millions de Français, d’être propriétaire d’un jardin. Cet espace privé ne représente qu’une infime partie de la surface de mon département (0.000015% environ) mais sur ce petit coin de terre je suis totalement libre ou presque. Je peux en tous les cas y créer sans contraintes les conditions favorables au développement de la biodiversité. Imaginons une seconde que ces millions de jardins privés se transforment progressivement pour devenir de véritables sanctuaires du vivant.
J’ai commencé par observer un grand nombre de jardins et constaté que la plupart n’étaient pas conçus pour accueillir une biodiversité très riche. Les espaces verts sont de plus en plus exclus des jardins modernes pour des raisons esthétiques ou tout simplement pour en faciliter l’entretien. Ils laissent souvent la part belle à de grandes allées gravillonnées, de belles terrasses, des parterres recouverts de galets ou de « paillages » artificiels sans le moindre brin d’herbe et des pelouses sans la moindre herbe ou fleur sauvage. Les seuls végétaux présents sont bien souvent quelques oliviers ou arbustes en souffrance dans de jolis pots très design. La plupart du temps ces jardins sont en plus totalement clos et ne laissent aucune possibilité aux petits animaux comme le hérisson de les visiter.
Il y a déjà quelques années, j’ai décidé de modifier en douceur mon jardin pour accueillir plus d’oiseaux, plus d’insectes et de permettre aux hérissons, aux écureuils et autres petits animaux de reprendre possession des lieux. Le jardin doit rester un lieu d’agrément pas toujours compatible avec une nature que l’on laisserait totalement s’exprimer. On ne passe pas du jour au lendemain du « green de golf» au « jardin punk ». Pour que le projet s’inscrive dans la durée, il est important d’y aller en douceur. Il faut bien réfléchir aux conséquences de chaque action pour ne pas se tromper et que le jardin s’enrichisse progressivement tout en restant un lieu agréable à vivre. C’est toujours une question d’équilibre qu’il faut trouver entre l’objectif qu’on se donne en termes de développement et la maitrise qu’on souhaite conserver.
Ma maison se situe à proximité d’un petit vallon qui est un de ces lieux de nature encore bien préservé. Ces lieux existent un peu partout et les jardins du secteur peuvent et doivent contribuer à l’extension de ces écrins de biodiversité.
Quelqu’un a dit « notre vie est plus riche si on laisse la nature y entrer ».
Impressionnant développement de marguerites dans un secteur de pelouse laissé libre.
J’ai créé ce site pour partager mon expérience et mes observations mais surtout pour démontrer que sur un espace aussi petit qu’un jardin on peut observer une quantité incroyable d’insectes, de fleurs sauvages, d’oiseaux et bien d’autres petits animaux si on parvient à créer les conditions favorables. La nécessité d’obtenir des images pour illustrer le site a certainement aussi contribué à affiner mes observations. Ce qui m’a le plus surpris depuis le début de ce projet c’est de constater que de petites actions et quelques changements de pratiques suffisent déjà à faire apparaitre toute une diversité de vie. Ce constat est très encourageant pour l’avenir et démontre qu’on peut aussi agir à titre individuel.
Il m’a semblé important que les photos utilisées pour illustrer le site soient exclusivement prises dans mon jardin, ceci pour une plus grande crédibilité et aussi pour démontrer que sur un espace aussi petit qu'un jardin il est possible de faire apparaitre toute une diversité de vie animale et végétale. Il y a pourtant quelques photos présentes sur le site qui ne proviennent pas de mon jardin. Elles sont encadrées en rouge et servent, comme sur cette page, à illustrer un propos, une situation particulière ou une observation que je n’ai pas encore eu la chance de pouvoir photographier.
Le vallon du Bouëtiez situé à proximité de mon domicile est l'un de ces espaces de nature encore relativement bien préservés.